Vainqueur - Dominique Buthier
Monsieur Dominique BUTHIER (Sanders Ouest) remporte le Trophée dans la catégorie Progrès, pour son attention au bien-être de ses dindes. En 2020, il a réalisé une très belle performance sur son lot de dindes Hybrid Optima avec un très faible taux de mortalité et un très bon taux de saisies abattoir. Situé en Normandie, cela fait plus de 20 ans qu’il travaille avec Hybrid Turkeys.
Le bien-être animal a toujours été un objectif important pour Dominique, et toutes les évolutions réalisées dans ces bâtiments qui y contribuent, lui valent d'être récompensé dans notre Trophées de la Dinde.
Il nous en dit plus dans la vidéo ci-dessous où il explique notamment comment il prend soin de ses dindes, pourquoi il aime son métier et donne des conseils à de futurs éleveurs de dinde.
Quelle est la partie la plus enrichissante du travail dans la filière de la dinde ?
Je vais comparer la dinde par rapport au poulet. Le poulet on remarque que c'est un animal qu’on produit vraiment pour la viande, c'est un animal où il y a un chronomètre. Il faut donc être au taquet tout le temps. Et puis, c'est très rapide, nous n’avons pas le temps de réaliser quoi que ce soit, il faut donc être bon dès le départ. Et la dinde, c'est vraiment de l'élevage, la dinde, elle réagit à notre façon de travailler. Elle réagit également à la technique ou encore à la façon dont on va l'élever, et comment on va comprendre ce dont elle a besoin.
Selon vous, quel est le défi le plus important aujourd’hui dans la filière de la dinde ?
Le défi c’est de faire produire ce genre de volaille. Selon moi, il faut trouver une raison de continuer à produire. Si la population considère qu’elle a besoin de dindes pour se nourrir, c'est bien, en revanche, si plus personne n'en veut, il faudra peut-être s'arrêter. Produire, c'est bien, mais il faut que cela serve à quelque chose.
Pouvez-vous nous décrire votre journée type ?
Tout d’abord, je passe dans tous les bâtiments, très rapidement pour voir s’il n’y a pas quelque chose qui se passe. Et une fois que j'ai fait ça, quand il y a peu de mortalité sur les fins de lots, je fais la mortalité sur les quatre bâtiments, tous les deux jours durant une journée et demie. Cela me permet de me balader dans les animaux au départ et puis de détecter si jamais il y a quelque chose. La chose la plus importante dans l’élevage, c’est l'observation.
Avez-vous mis des choses en place pour le bien-être animal ?
Lorsque j'ai fait évoluer mon appareillage intérieur, je suis passé du petit radiant, la chaufferette, et tout le monde passait en canon pour que cela soit plus facile d'entretien, mais cela ne me convenait pas. Pour le poulet oui sûrement mais la dinde elle, elle a réellement besoin de sentir un rayonnement de chaleur, puis une fois qu'elle connaît bien son environnement on peut lui donner la possibilité d'aller plus au frais.
Et quand j'ai transformé mes petits chauffages avec un chauffage tubulaire, c'était bien au départ, mais également tout le long du lot parce que cela possède un effet d'assèchement de litière qui est extrêmement efficace au milieu, je n’ai jamais besoin de repailler au milieu, tout ce que j'ai besoin de faire, c'est d'assécher à l'endroit où les dindes boivent. Une dinde, ce n’est pas très adroit, cela n’aspire pas, lorsqu’elles boivent, elles en mettent beaucoup à côté. Il faut donc des appareils d’abreuvement les laissant boire sans toutefois en distribuer de trop. Et puis il faut les habituer à aller de temps en temps chercher l'eau. La chaufferette et mon système de tubes rayonnants sont assez efficaces.
Quel conseil donneriez-vous à un éleveur qui souhaite se lancer dans la filière de la dinde ?
Il est important au départ d’avoir une formation, il faut connaître comment un mammifère fonctionne. Moi j’ai effectué un brevet de technicien agricole option élevage, dans les bovins.
Et quand j'ai décidé de construire des bâtiments d'élevage, je me suis formé, en allant voir la chambre d'agriculture. Durant mes premières années, je me suis beaucoup formé sur ce sujet. Il est également important d’avoir des connaissances sur le sanitaire, notamment sur comment détecter une maladie. Il faut détecter le sanitaire. Le sanitaire, pour moi, c'est le plus important en élevage. Il faut anticiper lorsqu’un animal ne va pas bien, avant qu'il ne soit malade.
Même après une fois qu’on les traite, très souvent une fois qu'ils sont malades, c'est trop tard. Une fois qu'on a laissé quelque chose se développer dans ce genre d'élevage, on en a pour plusieurs années après.
Je dis toujours, lorsque j'appelle le technicien, il rentre dans mon élevage, et dans un premier temps, il ne voit rien de particulier, c’est une fois qu’il discute avec moi, qu’il remarque ce que j'ai détecté. Il ne faut pas beaucoup de temps à détecter quelque chose, pour moi, il faut 12h maximum pour détecter quelque chose de petit.
Le plus gros conseil qu'on puisse donner, c'est l'observation. Dans le sanitaire, observer est la chose la plus importante qui fait qu'on réussisse dans ce métier-là. Pour sortir de très bons lots, il ne faut pas qu'il soit malade du tout.
Par exemple, les céréaliers qui s'occupent aussi bien de leur élevage que de leurs céréales, ceux-là, ils ont tout compris. Il y a beaucoup de travail, c’est un métier assez compliqué mais très diversifié. Il faut être présent partout et la moindre erreur sur n'importe quel poste peut porter préjudice.
Il faut y passer du temps, même quand on n’en a pas envie. Quand on est malade aussi. J'y vais tous les soirs. Je jette un coup d'œil à l'élevage. Lorsque je suis fatigué et que je me dis j'irai demain, le lendemain, il y a une catastrophe ou quelque chose qui s'est mal passé. Quand j’y vais aussitôt je vois s’il y a quelque chose et quelquefois ce n’est pas grand-chose, cela peut être un petit truc à redémarrer par exemple. Il ne faut pas lâcher l'élevage d’une semelle. Il ne faut pas partir en vacances en cours de lots.